Il était une fois…
Gérard Gaunelle : plutôt le micro que le vélo !
Je me suis intéressé au vélo à l’âge de 14 ans. Pensionnaire à l’Institut Technique Saint-Joseph de Villedieu, j’étais collé un samedi pour « bavardages excessifs ». Nous ne venions pas toutes les semaines chez les parents. C’est eux qui étaient venus me rendre visite ce week-end de « colle ». Et au cours de ce dimanche de 1966, j’ai découvert le vélo en achetant Miroir du Cyclisme relatant la victoire de Felice Gimondi dans Paris-Roubaix. Probablement séduit par les superbes photos parce qu’auparavant, je ne connaissais pas vraiment le sport.
La télé n’était pas entrée dans les foyers et nous étions « scotchés » à ce qu’on appelait à l’époque le « transistor »… aussi bien pour les infos que les reportages sportifs. Nous entendions les voix d’Emile Toulouse, Fernand Choisel, Guy Kédia, Félix Lévitan, Jean-Paul Brouchon, Daniel Pautrat, Pierre Salviac, Roger Cornet, etc… rêvant de devenir un jour comme eux…
L’animation « dans la peau ».
Les radios locales n’occupaient pas encore la bande FM. J’avais alors écrit à Maurice Favières, l’homme des « matinales » de RTL à la voix chaude et enthousiaste. Lui demandant la filière pour devenir animateur de radio, il m’avait répondu (vous pensez la fierté de recevoir une lettre de RTL) qu’il fallait un brin de culture, le sens de la répartie et un peu de… chance. De mon Lengronne (petite commune située à côté de Gavray) nous étions loin de la capitale. Quasiment mission impossible.
Le journalisme sportif était aussi une possibilité. J’avais adressé un courrier à Jean Bobet (frère de Louison), responsable de la rubrique cyclisme, toujours sur RTL. Me conseillant de suivre une école spécialisée, il n’en était évidemment pas question. Ne serait-ce que par le coût des études. Après tout, je me disais que je pourrais peut-être un jour m’éclater autrement et plus localement.
La compétition m’avait un peu tenté. J’avais alors 16 ans et en même temps j’avais intégré une troupe de théâtre locale et j’organisais et présentais des intervillages, l’équivalent toute proportion gardée des célèbres Intervilles du moment. Sur un vélo « Raymond Poulidor « (j’étais un fan du Limougeaud), je n’ai pratiqué qu’une demi-saison comprenant très vite (et peut-être trop vite, l’histoire ne le dira jamais !) que je n’étais bâti ni physiquement ni moralement pour devenir un champion.
Un autre virus m’avait déjà touché puisque sur bande magnétique (Mini K7), je m’amusais à imaginer et commenter des arrivées fictives du Tour avec passage au sommet des cols, comme les vrais journalistes.
Néanmoins, je poursuivais les animations. Dans la période des fêtes de Noël avec plusieurs copains nous avions monté un spectacle de clowns
La première course avec Stéphane Javalet
Un jour Ernest Tison, alors président du Comité des fêtes de Ver (près de Cérences) pour qui j’assurais régulièrement les intercommunes me demande d’animer une course cycliste. Un événement pour moi ! C’était une épreuve cadets. Stéphane Javalet, futur directeur sportif d’Auber 93 y participait. J’avais préparé les commentaires en consultant les derniers Normandie Cyclisme que je m’étais procuré près d’un coureur coutançais, Patrick Guillotte. Enonçant les palmarès, donnant les noms des coureurs à chaque passage, Marc Quesnel, président de l’Avant-Garde d’Orval est venu me demander depuis combien de temps je commentais. Répondant que « C’était une première », il m’incitait donc à prendre une licence FFC. Nous étions en août 1978.
Tout est allé très vite. Les animations se sont enchaînées à vitesse Grand V. De la petite fête locale aux courses à étapes. D’ailleurs, j’ai commenté une de mes premières courses avec l’AC Nord-Cotentin (futur AC Octeville) qui venait de se créer à l’imitiative de Christian Dutertre et Daniel Mesmeur. C’était à Montebourg où Gilbert Queuniet, Jacques Barbey, membres du club s’y sont imposés…
La rencontre avec Daniel Mangeas
Albert Marie, ancien cyclo-crossman coutançais réputé, avait organisé un critérium pour les adieux du légendaire Raymond Poulidor. Je n’allais pas rater une pareille manifestation. A double titre. D’abord pour le Poulidoriste que j’étais mais aussi pour voir officier le… speaker du Tour de France, Daniel Mangeas.
L’organisateur coutançais a d’ailleurs créé ensuite le Prix de la Côte Normande ouvert aux pros et organisé de nombreuses épreuves telles que des arrivées du Tour de la Manche ou du Tour de Normandie. Grâce à lui, j’ai pu rencontrer la « voix du Tour ». Le courant est très vite passé avec Daniel. Nous nous téléphonions régulièrement. J’ai même eu la chance de le remplacer lors de quinzaines commerciales et de co-présenter plusieurs épreuves (Côte Normande, Remparts, Valognes, Coutainville…) et actuellement le Tour de Normandie.
Les relations ont dépassé le simple cadre professionnel. C’est devenu une amitié forte d’une trentaine d’années dans les moments heureux ou malheureux de la vie. En y associant bien évidemment nos épouses Claudia et Mireille. Tout cela sans intérêt et avec la même conception de l’animation : « Aimer les gens en leur apportant un peu de bonheur. Le tout en étant sérieux sans se prendre au sérieux ».
Des relations amicales
Ayant la chance de commenter les épreuves importantes du département (je ne les citerai pas au risque d’en oublier) depuis longtemps, les relations avec les organisateurs sont devenues très amicales. Chaque dimanche, c’est un plaisir de se rencontrer, de se côtoyer. L’AC Octeville en est une des illustrations pour avoir travaillé avec ses différents responsables depuis la création du club sans oublier le plaisir de présenter des coureurs de talent.
Opérateur PAO dans une imprimerie, j’ai pu vivre pleinement et intensément cette passion grâce à la compréhension de mon employeur. Il m’a toujours permis d’adapter mes horaires. Et sur un plan plus personnel, sans avoir transmis « l’envie » du micro à nos trois enfants, j’ai une certaine fierté de les voir pratiquer la discipline qu’ils ont choisi. Convaincu que leur imposer le cyclisme était peut-être voué à l’échec par avance ? Trop de pères ont voulu rattraper une carrière ratée au travers de leurs enfants. Xavier, avec le squash et le badminton, Nicolas et Emmanuel au football s’éclatent pleinement. C’est bien l’essentiel. Maman Mireille les suit régulièrement et papa surtout l’hiver quand le micro est au repos. En un mot, que du bonheur ! Nous le partageons maintenant avec leurs conjointes (Pascaline, Lisa et Alice) toutes les trois charmantes et agréables sans oublier les petits-enfants Léo et Lola en attendant le reste du peloton…
Un grand Merci à l’ACO de m’avoir proposé son site pour vous présenter ma petite et modeste mais surtout riche aventure que j’espère prolonger le plus longtemps possible.